Hygiène de vie et bien-être

Achats alimentaires des français : le bilan 2009

Depuis 2006, le Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche confie au CREDOC la réalisation d’une enquête annuelle sur les pratiques alimentaires des Français1. La quatrième édition, conduite au cours de l’été 2009 auprès d’un échantillon représentatif de 1000 personnes, a livré ses résultats en décembre dernier. Ceux-ci confirment l’impact de la crise économique actuelle sur les comportements d’achat, mais aussi la poursuite de tendances de fond initiées depuis plus longtemps.

Crise économique oblige, le prix demeure, en 2009, un critère d’achat majeur

Les deux précédents « baromètres » (2007 et 2008) avaient mis en évidence, chez nos concitoyens, un regain d’attention vis-à-vis du prix des produits alimentaires. Lors des achats, la marque ainsi que d’autres aspects qualitatifs avaient en effet cédé la place à la recherche du prix le plus avantageux, redevenu la priorité. En réalité, ce comportement « économe » était à l’oeuvre depuis plusieurs années dans une partie de la population. Mais la conjoncture particulière de 2007 puis de 2008 l’avait fortement amplifié : en 2007, les denrées alimentaires avaient subi une forte inflation ; et l’irruption de la crise financière, à l’automne 2008, avait encore accentué cette sensibilité au prix… La dernière vague d’enquêtes montre que 2009 s’inscrit dans cette continuité : le prix demeure l’aspect le plus souvent cité comme premier critère de choix d’un lieu d’achat. Plus d’un Français sur 3 (36 %) le mentionne à la première place devant d’autres aspects tels que l’étendue de la gamme de produits proposés ou encore la réputation du lieu d’achat.

La contraction (réelle ou redoutée) du porte-monnaie se traduit par l’intention déclarée de restreindre la consommation de certains produits. Comme l’année précédente, les Français affirment vouloir réduire en priorité leurs achats de boissons alcoolisées, de plats préparés et de produits d’épicerie sèche. Mais d’autres enquêtes ont montré qu’en 2008, les produits dont les ventes avaient le plus diminué étaient les boissons sucrées, les produits allégés, l’eau en bouteille et – effectivement – les plats cuisinés. Faire soi-même la cuisine a été perçu comme moins coûteux et, parallèlement, on a vu réapparaître la « gamelle » du midi chez nombre de salariés ! Les seuls produits dont les achats avaient augmenté en 2008 étaient des aliments bon marché : conserves de légumes et de poisson, viande de poulet et de dinde ou encore abats.

Autre signe tangible de la baisse du pouvoir d’achat (ou de la crainte de le voir se réduire), la part de marché des enseignes de harddiscount avait augmenté spectaculairement en 2008 : le pourcentage de personnes citant ce type de magasin comme première sourced’approvisionnement alimentaire était passé en un an de 9 % à 15 % ! Cette évolution s’était réalisée principalement au détriment des hyper et supermarchés. En 2009, elle s’est toutefois arrêtée : les grandes surfaces ont commencé à reconquérir les parts de marché perdues (par exemple en proposant elles aussi des produits à prix discount). Pour autant, les magasins spécialisés dans la vente de produits dont la date limite de consommation ou d’utilisation optimale est proche ou légèrement dépassée continuent de bien se porter.

La mémorisation du message « au moins 5 fruits et légumes par jour » progresse fortement

Si, pour une fraction croissante de Français, le prix constitue un des tous premiers critères intervenant dans le choix de leurs aliments, d’autres aspects demeurent importants. Ainsi, pour la quasi-totalité de nos concitoyens (96 %), c’est le goût qui définit avant tout la qualité d’un produit alimentaire ! La valeur santé est également un critère auquel ils sont de plus en plus attentifs. A ce propos, l’enquête du CREDOC indique que le message nutritionnel le mieux retenu est celui qui recommande de « manger au moins 5 fruits et légumes par jour ». Entre 2007 et 2009, le pourcentage de personnes le citant spontanément a progressé de 17 % !

Davantage de Français se déclarent attirés par les aliments « éthiques »

Autre enseignement du baromètre 2009 : par rapport à l’année précédente, un peu plus nombreux sont les consommateurs qui se déclarent prêts à payer plus cher des produits respectueux de l’environnement, répondant aux exigences du développement durable, garantissant le bien-être animal ou encore issus du commerce équitable.

Si les Français souhaitent que les modes de production agricoles soient plus écologiques, c’est aussi parce qu’ils craignent d’ingérer des aliments néfastes à leur santé. Ainsi, dans l’échelle des risques perçus, les traitements phytosanitaires sur les cultures occupent le premier rang (le pourcentage d’inquiets s’est accru de 17 % entre 2006 et 2009).

Apprendre à cuisiner : une proposition qui compte de plus en plus d’adeptes

Pour les interviewés, l’éducation alimentaire passe en priorité par « apprendre à manger équilibré », « apprendre les règles d’hygiène » et « initier au goût ». Mais on notera que c’est l’item « apprendre à cuisiner » qui enregistre la progression la plus notable en 2009 (1 enquêté sur 2 le cite en premier, second ou troisième choix).

Eric Birlouez
Sociologue de l’agriculture et de l’alimentation, Paris, FRANCE
  1. Enquête réalisée par le CREDOC, Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie
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