Interaction entre alimentation et microbiote intestinal : un atout pour la santé

Avis d’expert : Microbiote et santé, retour sur deux idées reçues

Emmanuelle Lefranc - Equation Nutrition
Emmanuelle Lefranc Docteur en sciences sociales appliquées à la santé et à l’alimentation et diététicienne-nutritionniste
A propos de l’auteur

Docteur en sciences sociales appliquées à la santé et à l’alimentation et diététicienne-nutritionniste faisant partie du comité scientifique de l’AFDN, Emmanuelle Lefranc conduit des recherches sur les représentations des mangeurs, les nouvelles tendances alimentaires et les déterminants socio-culturels du microbiote intestinal, au sein du le Laboratoire d’Anthropologie Politique (LAP-EHESS).

VRAI OU FAUX ?
Question 1 Ce sont les maladies qui causent la dysbiose Faux
Equation Nutrition - Microbiote

La dysbiose peut aussi bien être le résultat d’une pathologie que la cause d’une maladie. Par ailleurs, on a identifié d’autres causes à l’origine de dysbioses (médicaments, alimentation, stress…). Le microbiote revêt une complexité faramineuse, qui englobe et questionne des univers très différents. Ce sujet oblige la recherche en médecine, organisée en spécialités, à revoir profondément ses modalités de pensée. Notamment, des liens se créent entre disciplines, une mise en dialogue nécessaire s’opère, des nouvelles spécialités apparaissent comme la neuro-gastroentérologie. Si l’on s’attache plus précisément au microbiote intestinal, des liens existent et sont maintenant bien connus entre des profils dysbiotiques et des grands types de pathologies telles que les allergies (eczéma, asthme…) (Cani, 2017), la sphère neurologique (avec des liens prouvés entre microbiote et anxiété, dépression, autisme, Alzheimer, Parkinson…) (Bercik, 2011), l’obésité et le diabète de type 2 (Aron-Wisnewsky,2016; Cani, 2008) , les MICI (Sokol, 2006; Schaubeck, 2016). Si on ne sait pas toujours qui de la poule ou de l’œuf est arrivé en premier, on sait que les dysbioses sont renforcées par les antibiothérapies à répétition (Palleja, 2018) lesquelles ont un impact négatif sur la diversité et la richesse du microbiote intestinal (Blaser, 2014).

Question 1 Ce sont les maladies qui causent la dysbiose Faux

La dysbiose peut aussi bien être le résultat d’une pathologie que la cause d’une maladie. Par ailleurs, on a identifié d’autres causes à l’origine de dysbioses (médicaments, alimentation, stress…). Le microbiote revêt une complexité faramineuse, qui englobe et questionne des univers très différents. Ce sujet oblige la recherche en médecine, organisée en spécialités, à revoir profondément ses modalités de pensée. Notamment, des liens se créent entre disciplines, une mise en dialogue nécessaire s’opère, des nouvelles spécialités apparaissent comme la neuro-gastroentérologie. Si l’on s’attache plus précisément au microbiote intestinal, des liens existent et sont maintenant bien connus entre des profils dysbiotiques et des grands types de pathologies telles que les allergies (eczéma, asthme…) (Cani, 2017), la sphère neurologique (avec des liens prouvés entre microbiote et anxiété, dépression, autisme, Alzheimer, Parkinson…) (Bercik, 2011), l’obésité et le diabète de type 2 (Aron-Wisnewsky,2016; Cani, 2008) , les MICI (Sokol, 2006; Schaubeck, 2016). Si on ne sait pas toujours qui de la poule ou de l’œuf est arrivé en premier, on sait que les dysbioses sont renforcées par les antibiothérapies à répétition (Palleja, 2018) lesquelles ont un impact négatif sur la diversité et la richesse du microbiote intestinal (Blaser, 2014).

Question 2 Il n’est pas vraiment nécessaire de se préoccuper de son microbiote puisque les études montrent qu’il revient toujours à son état basal Vrai & Faux
Equation nutrition - Alimentation microbiote

Effectivement, les études montrent que le microbiote a une capacité de résilience, encore faut-il que la cause de la modification cesse. Ceci a notamment été démontré dans le cadre de l’administration d’antibiotiques. Le microbiote est totalement bouleversé par l’action biocide, la diversité et la richesse diminuent fortement puis, au fil des semaines, le microbiote reprend son état basal. Au bout de 6 mois environ la résilience est totale.

La courbe normale de l’évolution du microbiote au cours de la vie est bien connue : il se met en place dans les 5 premières années de vie (notamment en ce qui concerne sa diversité), puis on observe un plateau jusqu’à l’âge adulte et un déclin à partir de 60-70 ans (Cheng, 2016). C’est d’ailleurs sur cette dernière tranche d’âge que l’on observe l’apparition de pathologies liées à la vieillesse. Beaucoup de questions se posent actuellement sur l’intérêt de soigner son microbiote lors de l’avancée en âge pour limiter la perte des capacités cognitives ou encore le développement de cellules cancéreuses.

De nombreux facteurs environnementaux agissent sur le microbiote et le façonnent (Wu, 2011). Des interventions alimentaires peuvent modifier le microbiote : selon les régimes suivis, les profils microbiotiques peuvent en effet s’avérer très différents (Gupta, 2017). Mais une intervention ponctuelle ne pourra pas avoir d’effet sur le long terme. La meilleure façon d’avoir une incidence positive sur l’amélioration de l’état de santé consiste à adopter une approche holiste sur le long terme, combinant une attention à l’activité physique, au sommeil, à l’état psychique, à la prise médicamenteuse et à l’alimentation. Du point de vue alimentaire, on améliorera la richesse et la diversité du microbiote et donc on diminuera les risques de dysbiose avec une alimentation variée, comprenant peu de protéines animales, mais beaucoup d’aliments riches en fibres, des fruits, des légumes, des légumineuses (Haro, 2016). Les légumes racines, notamment, occupent une place majeure dans l’équilibrage du microbiote intestinal (Spreadbury, 2012). Des recherches sont en cours pour tenter d’affiner les effets des différents types d’alimentation sur les profils microbiotiques et la santé.

Question 2 Il n’est pas vraiment nécessaire de se préoccuper de son microbiote puisque les études montrent qu’il revient toujours à son état basal Vrai & Faux

Effectivement, les études montrent que le microbiote a une capacité de résilience, encore faut-il que la cause de la modification cesse. Ceci a notamment été démontré dans le cadre de l’administration d’antibiotiques. Le microbiote est totalement bouleversé par l’action biocide, la diversité et la richesse diminuent fortement puis, au fil des semaines, le microbiote reprend son état basal. Au bout de 6 mois environ la résilience est totale.

La courbe normale de l’évolution du microbiote au cours de la vie est bien connue : il se met en place dans les 5 premières années de vie (notamment en ce qui concerne sa diversité), puis on observe un plateau jusqu’à l’âge adulte et un déclin à partir de 60-70 ans (Cheng, 2016). C’est d’ailleurs sur cette dernière tranche d’âge que l’on observe l’apparition de pathologies liées à la vieillesse. Beaucoup de questions se posent actuellement sur l’intérêt de soigner son microbiote lors de l’avancée en âge pour limiter la perte des capacités cognitives ou encore le développement de cellules cancéreuses.

De nombreux facteurs environnementaux agissent sur le microbiote et le façonnent (Wu, 2011). Des interventions alimentaires peuvent modifier le microbiote : selon les régimes suivis, les profils microbiotiques peuvent en effet s’avérer très différents (Gupta, 2017). Mais une intervention ponctuelle ne pourra pas avoir d’effet sur le long terme. La meilleure façon d’avoir une incidence positive sur l’amélioration de l’état de santé consiste à adopter une approche holiste sur le long terme, combinant une attention à l’activité physique, au sommeil, à l’état psychique, à la prise médicamenteuse et à l’alimentation. Du point de vue alimentaire, on améliorera la richesse et la diversité du microbiote et donc on diminuera les risques de dysbiose avec une alimentation variée, comprenant peu de protéines animales, mais beaucoup d’aliments riches en fibres, des fruits, des légumes, des légumineuses (Haro, 2016). Les légumes racines, notamment, occupent une place majeure dans l’équilibrage du microbiote intestinal (Spreadbury, 2012). Des recherches sont en cours pour tenter d’affiner les effets des différents types d’alimentation sur les profils microbiotiques et la santé.

Références
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