Consommations alimentaires : quelles tendances dans le monde ?

Chine : les régimes alimentaires traditionnels disparaissent au profit d’une alimentation de plus en plus occidentalisée

Couple de personnes âgées d'origine asiatique cuisinant des légumes - Equation nutrition - Aprifel

Depuis quelques décennies, la Chine connaît un développement économique et social majeur entraînant des transformations rapides des modes de vie. Dans un article récent, Bu et al. dressent un état des lieux des changements d’habitudes et de comportements alimentaires survenus sur la période 1997- 2011. Ce travail montre une disparition progressive des régimes traditionnels au profit d’une alimentation de type occidental : céréales raffinées, viande et produits ultra-transformés. Bien que certaines évolutions observées soient bénéfiques du point de vue de la santé (augmentation de la variété, choix d’une alimentation équilibrée), d’autres laissent présager une augmentation des maladies métaboliques et cardiovasculaires.

Allongement de l’espérance de vie, augmentation du niveau de revenus, urbanisation accrue, … le développement économique et social vécu par la Chine ces dernières années a eu un impact considérable sur la vie quotidienne et la santé des Chinois (Gonghuan, 2010 ; Broglia, 2011).

L’alimentation ne fait pas exception. Grâce à l’analyse des données issues de l’enquête Chinese Health and Nutrition Survey (6 vagues réalisées entre 1997 et 2011), l’article de Bu et al. met, ainsi, en évidence les évolutions importantes qu’ont connus les habitudes alimentaires et comportements de consommation en Chine depuis les années 90.

Concernant la population suivie, plusieurs changements notables sont intervenus :

  • l’âge moyen des participants est passé de 39 à 46 ans,
  • le taux d’urbanisation a augmenté de 11%,
  • le revenu par habitant a gagné 5298 yuans (737 €),
  • le niveau d’éducation s’est élevé de l’école primaire au collège,
  • la sédentarité s’est accrue.

Une alimentation qui s’occidentalise

Concernant les habitudes alimentaires, la consommation totale a augmenté de 106 g en 14 ans. Les vagues successives d’enquêtes révèlent une augmentation progressive de la diversité des catégories d’aliments consommés. Les chercheurs rapportent notamment une hausse significative des consommations de :

  • blé (+9 g),
  • légumes (+13 g),
  • fruits (+75 g),
  • produits laitiers (+23 g),
  • viande rouge et volaille (+24 g),
  • poisson, crevettes et crabe (+8 g),
  • œufs (+ 9g),
  • snacks / restauration rapide (+ 43 g),
  • boissons (+14 g)

Trois catégories d’aliments ont vu leurs consommations exploser depuis 1997 :

  • les produits laitiers (+1008 %),
  • les snacks / restauration rapide (+1787 %),
  • les boissons (+2959 %).

En parallèle, les consommations de produits traditionnels comme le riz et le soja ont subi une chute importante (de 91 g et 22 g respectivement).

En 2011, trois catégories d’aliments représentent à elles seules 65 % des aliments consommés : les légumes (plus de 32 %), le riz (23 %), le blé (10 %).

Des apports en graisses trop élevés et un morcellement des consommations

En 14 années de suivi, les apports énergétiques quotidiens ont diminué (- 363 kcal/jour) en parallèle d’une forte baisse de la contribution des glucides (-10 %) et d’une hausse de celle des graisses (+ 8,6 %) et des protéines (+1,8 %).

En 2011, les graisses représentent 34 % des apports énergétiques des Chinois, ce qui excède les recommandations de l’OMS (30 %).

De 1997 à 2011, les Chinois ont également multiplié le nombre de prises alimentaires. La fréquence des consommations quotidiennes est passée de 2,93 à 3,47 repas par jour. En 2011, ils sont plus nombreux à prendre une collation en matinée (+10 % par rapport à 1997), l’après-midi (+19 %) et en fin de soirée (+20 %).

Les consommations hors domicile (restaurant, lieu de travail) ont, elles aussi, augmenté au fil des années tandis que les consommations à la maison ont connu une légère baisse.

Enfin, les modes de préparation ont changé : les participants délaissent la traditionnelle préparation bouillie au profit de fritures et de cuissons au wok.

Surpoids, obésité, hypertension et diabète augmentent

Au-delà des habitudes et comportements de consommation, ce travail montre également que les connaissances en nutrition des participants se sont améliorées et un nombre croissant de sujets dit se préoccuper de manger équilibré (+6 %).

Ils sont d’ailleurs plus nombreux en 2011 à indiquer aimer les fruits et les légumes (+35 % et +33 %, respectivement) comparé à 2004.

Malgré certaines évolutions positives observées, ce travail montre une disparition progressive des régimes alimentaires traditionnels basés sur les végétaux (riz et légumes). Au contraire, il pointe une occidentalisation des habitudes et des comportements (hausse des consommations de snacks, restauration rapide, boissons sucrées, collations de fin de soirée) ce qui expose la population chinoise à des risques accrus de maladies métaboliques et cardiovasculaires (Popkin, 2006 ; Popkin 2012).

Ainsi, l’enquête note également une hausse notable des prévalences de diverses affections liées à l’alimentation :

  • surpoids (+19 %) et obésité (+7 %),
  • hypertension (10,8 %)
  • diabète (3,4 %).

Ces changements mettent à l’épreuve le système de santé chinois et invitent à la mise en place d’actions de prévention des maladies chroniques.

Méthodologie

D’après : Bu T et al. Trends in Dietary Patterns and Diet-related Behaviors in China. Am J Health Behav. 2021 Mar 1;45(2):371-383.

Messages clés
  • Les habitudes et comportements alimentaires de la population chinoise ont connu une transition importante au cours des dernières décennies.
  • La tendance est à la diversification et à la disparition des modèles alimentaires traditionnels au profit d’une alimentation de plus en plus « occidentale. »
  • Parallèlement aux évolutions des consommations et comportements, la prévalence de maladies liées à l’alimentation augmente de manière notable au cours des 14 années de suivi.
Références
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