Environnements alimentaires - Comment façonnent-ils nos choix ?

USA : agir sur l’environnement alimentaire à domicile pour améliorer les consommations

Malgré l’essor de la restauration hors foyer, la majorité des repas ont lieu à domicile. Ce lieu constitue, de fait, un espace important à considérer pour les recommandations de santé publique. Une étude récente réalisée sur près de 4500 adultes américains a examiné l’influence de diverses composantes de l’environnement alimentaire domestique – aliments disponibles, pratiques culinaires, modes d’approvisionnement … – sur la qualité de l’alimentation et le statut pondéral. Ce travail montre que disposer d’une variété de fruits et légumes à la maison est associé à de meilleures habitudes alimentaires et à un moindre risque de surpoids et d’obésité. Il montre également que rendre visible et accessible les aliments sains et, à l’inverse, ranger hors de vue les aliments gras/salés/sucrés, sont associés à des habitudes alimentaires plus saines.

La plupart des Américains ne respectent pas les recommandations nutritionnelles nationales, ce qui représente des marges d’amélioration notables en termes de santé publique (USDA, 2020). Bien que la part des repas pris hors domicile s’accroît depuis plusieurs décennies, le foyer reste le lieu où la majorité des consommations alimentaires sont réalisées.

La maison est ainsi considérée comme un environnement clé à cibler pour essayer d’améliorer le comportement alimentaire des Américains (Lin, 2012). Diverses études se sont, ainsi, intéressées à l’influence d’un ou deux aspects de l’environnement alimentaire domestique – disponibilité des aliments ou fréquence des repas familiaux partagés- sur la santé (Bruening, 2017; Quick, 2017; Grant, 2017; Chai, 2018). Cependant, peu d’études ont cherché à avoir une vision plus exhaustive des effets de l’environnement domestique sur la qualité de l’alimentation des personnes et sur leur poids.

Dans ce but, une étude récente (Kegler, 2021) a cherché à analyser l’influence de 11 caractéristiques de l’environnement alimentaire domestique (voir méthodologie) et leurs liens avec le statut pondéral et la qualité de l’alimentation auprès d’un échantillon de près de 4500 adultes américains

Figure 1 : Caractéristiques des personnes ayant répondu à l’enquête

Avoir des fruits et légumes variés à la maison est associé à de meilleures habitudes et à un moindre risque de surpoids

D’après ce travail, parmi les onze caractéristiques de l’environnement alimentaire domestique examinées, sept présentent des associations statistiques significatives avec le respect des recommandations alimentaires nationales. Seules deux caractéristiques sont directement associées avec le statut pondéral des personnes.

Le fait de disposer d’une plus grande variété de fruits et de légumes à la maison est associé à une probabilité accrue de respecter les recommandations de consommation de ces produits. La variété et la disponibilité de fruits et légumes à la maison est également associée à une moindre probabilité d’être en surpoids ou obèse.

Ces résultats sont cohérents avec d’autres études montrant des associations entre la disponibilité de fruits et légumes à la maison et leur consommation chez les enfants (Callender, 2017; Bryant, 2011; Ding, 2012) et les adultes (Gichunge, 2016).

La fréquence d’achats de fruits est, elle aussi, associée à une consommation accrue de fruits et légumes.

Cependant, de manière surprenante, une plus grande variété de fruits et légumes disponibles à la maison est associée à une augmentation du pourcentage d’énergie provenant des graisses dans l’alimentation.

Rendre les fruits et légumes visibles et facilement accessibles

La disponibilité d’en-cas sucrés ou salés et de boissons moins saines (riches en sucre/graisses) est associée à une augmentation du pourcentage de calories provenant des graisses. Etonnamment, la disponibilité d’en-cas salés est également liée à une probabilité accrue de respecter les apports recommandés en fruits et légumes.

L’effet de l’emplacement des aliments a été évalué en demandant aux participants à quelle fréquence les fruits, les légumes et les en-cas riches en calories sont conservés dans un endroit où ils sont facilement visibles et accessibles (échelle de 5 points allant de jamais à presque toujours). Selon l’étude réalisée, conserver les fruits et légumes de manière visible et facilement accessible et, inversement, ranger les encas caloriques là où ils sont moins visibles et accessibles est associé à une diminution du pourcentage de calories provenant de matières grasses et à une probabilité accrue de respecter les recommandations en matière de consommation de fruits et légumes.

Promouvoir des recettes et des pratiques culinaires saines à la maison

Les habitudes culinaires saines (cuisiner avec peu de matière grasse, dégraisser certains aliments avant cuisson etc.) sont associées à une diminution du pourcentage de calories provenant des matières grasses et à une augmentation de la probabilité de respecter les recommandations concernant les fruits et légumes.

En outre, la préparation de repas plus sains, mais aussi l’augmentation de la fréquence des repas au restaurant pour les repas familiaux, sont associées à une probabilité accrue de respecter les recommandations en matière de consommation de fruits et légumes.

La préparation de repas plus sains est également liée à un niveau plus faible d’énergie provenant des graisses, tandis que les repas au restaurant pour les repas familiaux sont associés à un pourcentage plus élevé d’énergie provenant des graisses.

Sur la base de ces résultats, les auteurs recommandent la mise en place d’interventions agissant sur les leviers identifiés afin d’améliorer les habitudes alimentaires des Américains

Basé sur : Kegler MC, Hermstad A, Haardörfer R. Home food environment and associations with weight and diet among U.S. adults: a cross-sectional study. BMC Public Health. 2021;21(1):1032

Messages clés
  • Divers aspects de l’environnement alimentaire à domicile – disponibilité et variété d’aliments et boissons, disposition des aliments, préparation des repas, fréquence d’achat, taille des portions vendues par les restaurants ou encore les modalités de prise des repas- ont été examinés au regard de la qualité de l’alimentation
  • Le fait d’avoir à domicile une variété de fruits et légumes est associé à un risque réduit de surpoids et d’obésité, au contraire le fait de prendre fréquemment ses repas en regardant la télévision est associée à un risque accru de surpoids et d’obésité
  • Cibler ces dimensions de l’environnement alimentaire domestique pourrait être une approche prometteuse pour les futures recherches interventionnelles
Méthodologie
Références
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